Dossier Playstation 3 : de son annonce à sa mort programmée

L'heure des changements

Passé le bon nombre de technophiles, d'early-adopters et de passionnés qui ont répondu présents lors des différents lancements continentaux, la console peine à décoller. Incapable de rattraper le rythme de croisière de sa concurrente directe et alors que la Wii est déjà loin devant, Sony se voit contraint de baisser le prix de sa machine, moins d'un an après son arrivée sur le marché. Le 12 octobre 2007, la conférence « Big Bang » officialise ce que tout le monde prophétisait : la Playstation 3 se verra enfin proposée à un tarif décent sur le sol européen. De 600 à 400 euros, l'effort est considérable.

Considérable, mais pas sans répercussion sur le matériel embarqué par la console : on a taillé l'espace disque (40 au lieu de 60 Go), enlevé la moitié des ports USB, le lecteur de cartes et de Memory Sticks et complètement retiré toute forme de rétrocompatibilité. Plus abordable, la troisième Playstation en devient nettement moins « future proof », pour paraphraser l'un des patrons de Sony, Howard Stringer, dans une déclaration datant de 2006. Cela reste suffisant pour assurer un Noël serein à la machine, qui avec les premiers Uncharted, Assassin's Creed et Modern Warfare trouve des million-sellers bienvenus pour s'imposer dans les foyers.

Dans le même temps, Sony consent enfin à proposer des manettes vibrantes, qui ne perdent pas pour autant leurs possibilités gyroscopiques. Présentée comme un facteur de problèmes techniques ou une fonctionnalité dépassée, la fonction vibration cache en vérité un conflit opposant Sony à la société propriétaire du système de vibrations du Dual Shock, Immersion. La société japonaise réglera finalement le litige à coups de millions, permettant enfin aux développeurs (dont Hideo Kojima, largement demandeur de vibrations pour son Metal Gear Solid 4 à venir) d'inclure la gestion des vibrations dans leurs productions. Un retour aux sources salutaire puisque après la catastrophe Lair, plus personne ne considère la gestion du Sixaxis comme un axe prometteur de gameplay.

Ces ajustements s'avèrent finalement payants pour la console, qui peut enfin se lancer sur les traces de ses concurrentes, dont Sony s'inspire largement au passage pour proposer son système de Trophées, copier/coller des Succès glanés par les joueurs sur Xbox 360. Souvent à la rue techniquement (frame rate, netteté des textures), les versions PS3 des titres multisupports commencent également à tenir la route face à leur pendant 360, même si la différence reste flagrante sur pas mal de jeux : comme à l'époque de la PS2, Sony peine à apporter le support nécessaire aux studios de développement vis-à-vis de sa machine là où les jeux Xbox se développent sensiblement comme sur PC. La version PS3 de Burnout Paradise ou encore de l'excellent Dead Space montrent en 2008 qu'il n'y a pas que les studios first-party comme Naughty Dog pour maitriser correctement le hardware particulier de la machine.