E3 : Preview de Yaiba - Ninja Gaiden Z, un spin-off sous influences

Coup marketing à destination d’un public hardcore gamer ou véritable association créative motivée par une vision commune, la rencontre entre la Team Nina et l’ancien ponte de Capcom Keiji Inafune pouvait en tout cas laisser espérer le meilleur pour leur première collaboration.

Baptisé Yaiba, celle-ci est au final un spin-off de Ninja Gaiden (elle est d’ailleurs sous-titrée Ninja Gaiden Z) mettant en scène Yaiba Kamikaze, ninja laissé pour mort dans un duel face au héros de la licence Ryû Hayabusa et qui, rafistolé façon Freezer, entend bien obtenir vengeance. Mais si il reprend à son actif quelques fondamentaux de la saga, Yaiba adopte un parti pris graphique et ludique bien différent de celui pensé par Tomonobu Itagaki, l’ancien boss de la Team Ninja, il y a de cela neuf ans.

Nous avons donc pris le temps de nous frotter à cette vision énervée, trash et colorée de l’univers de Ninja Gaiden sur le showfloor de l’E3. En voici les forces et les faiblesses à l’heure où nous écrivons ces lignes.


Un parti pris graphique et sonore explosif : pas de doute, nous sommes très loin du style série Z assumé consacré par plusieurs épisodes de Ninja Gaiden. La Team Ninja et Keiji Inafune ont préféré un cel-shading aux couleurs et aux contours agressifs, façon comic book un peu trash. Le résultat est plutôt réussi, les gerbes de sang flashy et effets visuels en tout genre apportant une petite touche de folie visuelle supplémentaire à un ensemble déjà bien barré. Ceci étant, certains trouveront peut-être le tout un peu chargé en couleurs. Question de goût.

Mais en mouvement, ces réticences pourraient vite finir par céder face à la vivacité surnaturelle dont fait preuve Yaiba. Une fois rentré dans le vif du sujet, le mariage des couleurs - le rouge du sang, la luminosité des effets de flammes, le déchaînement d’éclairs bleutés accompagnant les combos - a quelque chose d’esthétiquement ensorcelant.

Et puis côté musique les compositions électro en mode énervé signées par le génial Grant Kirkhope – autrefois compositeur attitré de la grande époque de Rare – apportent une fureur supplémentaire à cette action débridée.

Un gameplay fun et sauvage : si, comme nous le verrons plus bas, les affrontements sont loin de l’intensité de ceux de la série canonique, il faut reconnaître que la Team Ninja a doté Yaiba de techniques spectaculaires et sauvages. En plus de son katana acéré (arme de base), le ninja pourra faire le choix entre plusieurs instruments de mort gentiment barrés au fil de sa progression : membres de zombies utilisés comme un nunchaku, bras mécanique balançant de grosses patates explosives (attaque chargée) ou même zombie accroché à une chaîne et faisant office de fléau dévastateur.

Les possibilités de Yaiba ne se limitent cependant pas à son arsenal. Le ninja dispose en effet de pouvoirs particulièrement avantageux au premier rang desquels le Bloodlust. Il s’agit tout simplement d’une espèce de mode Berserk puisant dans une jauge remplie au fil des massacres perpétrés. Une fois actif, Yaiba se téléporte alors de zombie en zombie, les trucidant par grappe de trois. Côté défense, une garde opposée au dernier moment déclenche un slow motion permettant de taillader sans risquer d’être interrompu. Enfin les ennemis étourdis peuvent être sauvagement exécutés pour la forme.




Fun certes, mais sans grand challenge : la limite à l’orientation prise par la Team Ninja qui semble d’ores et déjà se dessiner, c’est un peu le sacrifice du challenge sur l’autel de la grosse marrade qui tâche. Bien sûr, nous n’allons pas reprocher à Yaiba de ne pas faire du Ninja Gaiden façon Black, mais la facilité déconcertante avec laquelle nous avons progressé tout au long de cette démo n’est pas pour nous rassurés. Seuls les sous-boss nous ont posé quelques difficultés tandis que le massacre de zombies standards nous a semblé un peu vain.

Une exploration / plateforme sur rails : parmi les fondamentaux de la saga repris à son compte par Yaiba, l’exploration des niveaux aurait pu être un élément de gameplay beaucoup plus développé, plus encore même que dans la série canonique dont cela n’a jamais été la grande force. Malheureusement, la Team Ninja a ici fait le choix de séquences vaguement plateformes complètement scriptées où il ne s’agit que d’appuyer sur une touche au bon moment pour s’agripper à des points d’accroche on ne peut plus clairement localisés.


L’ambition de Yaiba est on ne peut plus claire : s’imposer comme le pendant fun, accessible et gentiment barré de Ninja Gaiden. Avec son parti pris graphique coloré et légèrement trashy, sa bande-son énervée et son humour un peu bas du frond, il se dessine comme un beat them all sous influence grindhouse. Cette première rencontre avec le jeu a néanmoins suscité quelques déceptions, en particulier son challenge en retrait et ses phases d’exploration / plateforme qui n’en sont pas vraiment.