Test Sudeki (Xbox) : 7/10 sur JeuxVideo.fr

Ce Jeu De Rôle orienté action, exclusif à la grosse boîte de bill-gates, vous mettra à la tête de quatre héros et héroïnes aux aptitudes variées dans un univers Médiéval Fantastique. Développé en interne par le studio Climax, il a visiblement bénéficié d´importants moyens et s´inspire fortement des Final Fantasy. Une comparaison plutôt handicapante quand on sait la domination exercée par Square-Enix sur ce genre chéri des nippons.

Le Royaume d'Illumina, tenu d'une poigne de fer par une Reine irrascible, est en butte aux attaques d'un peuple de créatures maléfiques appelées Achloriens. Deux tours, récemment achevées, sont sensées assurer la protection de la capitale. Récupérer des cristaux aux fabuleux pouvoirs s'avère crucial pour les rendre opérationnelles, on les trouve dans des provinces reculées comme Shadanimo. La reine y dépêche donc son officier scientifique et un membre de sa garde, tous deux guidés par une farouche guerrière autochtone. Ce qu'elle ignore, c'est que la Princesse sa fille, frivole et aventureuse, a entrepris de se joindre à l'expédition...Pour les connaisseurs, la cinématique d'introduction de Sudeki évoque poétiquement le style du dessin animé Princes et Princesses de Michel Ocelot (le papa de Kirikou). On y voit raconté à la manière du théâtre d'ombres chinoises, la genèse légendaire du monde d'Illumina. Le procédé est original et charmant.

Dans un style rappelant quelque peu les cinématiques des Final Fantasy VIII et IX, l'Empire de Lumière déploie ses fastes à nos yeux ravis. On est ébloui par une palette de couleurs chatoyantes et bigarrées sublimées par moult éclairages et effets lumineux. Les décors sont grandioses et souvent très beaux, les environnements pourvus de nombreuses animations tant visuelles que sonores.L'agencement des niveaux est astucieusement pensé et leur taille juste assez grande pour donner le sentiment de liberté sans égarer le joueur qui y trouve facilement ses marques. En revanche, la modélisation ne se révèle pas d'une extrême finesse et certains (comme le Monde des Ténèbres) sont moins réussis et arborent un choix chromatique plus douteux.Les personnages, quant à eux, sont détaillés et leurs animations sont nombreuses et excellentes. Il est vraiment regrettable que leurs visages soient à ce point inexpressifs. D'une façon général, le visuel adopté dans Sudeki louvoie, sans jamais tout à fait convaincre, entre le style enfantin et un autre plus adulte.Les bruitages sont nombreux et soignés, et parviennent avec la musique, agréable, discrète et juste, à créer une ambiance enveloppante, immersive à souhait. A noter une qualité d'enregistrement qui flatte particulièrement les enceintes. Si les doublages en français ne sont pas trop mal interprétés en général, ceux de la Princesse sont ridicules de niaiserie.D'une manière générale, passées quelques réserves minimes, la réalisation séduit tant visuellement que sur le plan sonore mais elle est à coup sûr surpassée par l'excellence de la jouabilité.

Ce sont en effet la diversité, la richesse et l'efficacité de la mécanique de jeu qui constituent la vraie force de Sudeki. La plupart des Jeu De Rôle orientés action finissent par lasser avec des phases de "seul contre tous" répétitives. L'intérêt ici ne faiblit jamais. On se trouve à la tête de quatre combattants partagés en deux tireurs à distance et deux autres spécialistes du combat rapproché dont on peut choisir le comportement : défensif, offensif ou fuyant. A tout moment, il est possible de contrôler l'un ou l'autre et de varier d'autant les sensations.Les savoir-faire particuliers de chacun de nos personnages sont utilisés en coopération à la manière du vieux Lost Viking et donnent lieu à des phases de plateforme ou de résolution d'énigmes simplissimes, en plus de batailles enragées où chaque personnage dirigeable possède ses propres coups que l'on peut combiner par séries de trois en variant les touches A et X et enchaîner à l'infini...La subtilité est dans un système de synchronisation qui rappelle les jeux musicaux : des cercles lumineux apparaissent après qu'on ait pressé la première touche pour donner le signal du moment précis on l'on doit enclencher les touches suivantes dont le choix est laissé au libre arbitre. On se retrouve donc pourvu de 32 combos pour l'ensemble des personnages, qu'il est loisible de répéter si on appuie plusieurs fois sur la dernière touche de celle (combo est féminin) qu'on vient de réussir ! Il n'en faudra pas moins tant les ennemis sont nombreux et ne laissent aucun répit, assurant une difficulté importante qui nécessite coordination, adresse, réflexion et rapidité...Il convient de frapper au bon moment car un coup de l'adversaire annule le processus, de même qu'il est impossible de se mettre en défense pendant une combo (NDR : et oui c'est bien féminin car c'est l'abréviation de combinaison). La touche défensive peut se muer en esquive dans toutes les directions si on lui adjoint le directionnel analogique. De nombreux coups spéciaux, consommant des points de compétences (PC), aux effets spéciaux spectaculaires peuvent être déclenchés via un menu rapide dont l'accès ralentira le combat en cours, sans pour autant le suspendre (le stress est ainsi maintenu). Des super coups dévastateurs et encore plus gourmands en PC complètent la gamme. Les PC servent également à faire monter en grade les caractéristiques des persos en général.A ceci s'ajoutent beaucoup d'objets fort utiles que l'on peut trouver, acheter ou ramasser sur l'ennemi. Armes et armures sont améliorables et peuvent acquérir des pouvoirs magiques grâce à des parchemins. D'autres artefacts associés à différents totems servent à obtenir de nouvelles armes plus puissantes. Il existe encore de nombreuses autres découvertes et possibilités en la matière... Une idée évoquant Phantasy Star Online I & II, les vortex permettant de se téléporter littéralement d'une région à une autre.L'interface est simple et la mise en oeuvre des différentes opportunités du système de jeu se fait dans l'ensemble facilement, bien que le tout puisse être amélioré. Il est par exemple dommage de ne pouvoir changer d'arme rapidement. D'autre part, changer de perso en pleine échauffourée est déroutant et souvent pénalisant, alors même que vos compagnons (et compagnes) se débrouillent sans vous désagréablement mal... Inconvénients qui ne font que relever le défi d'autant mieux que la jouabilité est très bonne. A l'exposé de tant de qualités, que manque-t-il donc à Sudeki ?

Le principal reproche imputable au titre de Climax, c'est son manque de personnalité. A commencer par l'inconsistance des personnages dont l'aspect, figé dans une expression neutre, le regard vide de poupée sans âme n'est pas rattrapé par des dialogues ou un scénario qui aideraient à les faire vivre. Au lieu de quoi on leur fait débiter des platitudes parfois émaillées de pointes se voulant humoristiques mais qui tombe à plat et le scénario, sans originalité et superficiel, ne parvient pas mieux à les faire exister.Les musiques sont caractéristiques de l'impression ressentie. Jolies, collant bien aux actions, elles restent dans l'anonymat du support d'ambiance, sans qu'il s'en détache un seul thème véritablement entraînant.Cette absence d'identité, cette fadeur, empêchent le jeu d'atteindre une stature que ses autres qualités lui auraient certainement valu : celle de nouvelle référence incontournable.

Si les personnages manquent visuellement de charisme et que ni les dialogues (assez pauvres), ni l´intrigue (très conventionnelle) ne viennent leur donner une quelconque épaisseur, si du titre entier se dégage un côté impersonnel jusque dans les musiques (au demeurant de qualité) d´où n´émergera aucun thème inoubliable, en revanche, sa très belle réalisation et son principe de jeu riche, profond et accrocheur font du titre de Climax une expérience des plus enchanteresses.