Rétrospective 2014 : la Rédac' revient sur une année de jeux vidéo

Nerces
Dans quelques jours - voire quelques heures en fonction du moment où vous lirez ces lignes - 2014 appartiendra au passé, alors comme chaque année, je vais tenter un petit bilan. Un bilan qui débute par un mot sur les consoles. Fidèle du PC depuis bientôt trois décennies - outch, ça fait mal ça ! - je m'intéresse malgré tout au monde "merveilleux" Microsoft/Nintendo/Sony... ne serait-ce que pour satisfaire mon rédacteur en chef. Enfin bref, un mot donc sur les consoles, et en particulier sur ma déception face au triste bilan de cette next-gen. Les fabricants doivent avoir le sourire : qu'il s'agisse de la PlayStation 4 ou de la Xbox One, elles se vendent finalement très bien.

Hélas, du côté des joueurs, c'est un peu la soupe à la grimace. Alors que débute la seconde année de commercialisation, on ne peut pas dire que les ludothèques se soient particulièrement enrichies. Les exclusivités se comptent sur les doigts de la main et les titres multisupports ne sont guère réjouissants. Le fossé technologique n'est pas au rendez-vous et pour la première fois depuis bien longtemps, les versions PC de nos jeux favoris sont déjà supérieures à leurs équivalents consoles. Consoles qui ressemblent plus que jamais à de petits PC déguisés : espérons que cette mutation se traduise bientôt par une baisse du prix des jeux... histoire de compenser un peu !

Car en revanche, du côté du PC tout va pour le mieux et j'avoue que cela me fait bien plaisir de voir que depuis maintenant deux ou trois ans, de nombreux éditeurs ont décidé de revoir leur politique PC. Je suis également très content de constater que la scène indépendante est plus active que jamais, et ce, même si cela passe peut-être un peu trop souvent par le financement participatif. Un peu trop souvent ? Oui, c'est sans doute l'une des grandes tendances que je relève pour cette année 2014 : le jeu vidéo est en train d'évoluer en profondeur. Si les éditeurs traditionnels gardent une place prépondérante - en particulier au moment des fêtes de fin d'année - on voit que le processus de développement des jeux est en pleine mutation.

Le financement participatif matérialisé par le fameux Kickstarter - mais pas seulement - est maintenant accompagné de son jumeau maléfique, l'accès anticipé. Les joueurs s'impliquent dans le processus de création de leur loisir et c'est une excellente chose. Mais si je parle de jumeau maléfique, c'est parce que nous ne sommes pas à l'abri de multiples dérives. La plateforme a pris les devants afin d'éviter que des studios incapables d'arriver à leurs fins puissent avoir pignon sur rue. Mais du côté des joueurs aussi, l'accès anticipé est un risque : en essayant les multiples bêtas d'un projet, ne va-t-on pas de se lasser avant même l'arrivée de la version finale ? Et en le découvrant tout au long de sa maturation, ne risque-t-on pas de perdre une certaine part de rêve ?

Pour la première fois depuis plusieurs années, je n'ai pas eu de nouveau Paradox-game à me mettre sous la dent en 2014. Il y a bien eu quelques extensions pas piquées des vers pour Crusader Kings 2 et Europa Universalis 4, mais ça ne vaut pas le plaisir de la découverte lié à l'arrivée d'un tout nouveau titre, quand bien même il s'agit d'une suite. Heureusement, ma ludothèque s'est enrichie de quelques titres particulièrement intéressants et l'arrivée de productions indé de plus en plus ambitieuses n'est pas pour me déplaire.

Trois d'entre elles viendront d'ailleurs garnir ma sélection de l'année : Divinity Original Sin, Endless Legend et Legend of Grimrock 2. Ce ne sont toutefois pas des cas isolés et que l'on parle de Space Run - développé par un petit Français dans son coin -, de The Talos Principle, de This War of Mine ou de The Last Tinker, le bilan est plus que réjouissant. Les indépendants ne se contentent pas d'apporter un peu de fraîcheur, ils proposent maintenant des productions complexes, passionnantes et abouties.

Par opposition, les grosses productions ont été à l'origine de déceptions inversement proportionnelles à la hauteur de leur budget. Impossible de passer sous silence la tristesse technique d'Assassin's Creed Unity ou de Watch_Dogs dans leur version PC qui m'ont fait hurler de désespoir devant mon moniteur. Impossible également de ne pas regretter la castration de contenu des Sims 4 ou d'accepter le always on de The Crew.

Watch_Dogs, Assassin's Creed Unity, The Crew : Ubisoft en ligne de mire

Pour autant, cela ne veut pas dire que tous les Triple-A sont à mettre à la benne et à côté de ces déceptions - au moins partielles -, il y a eu des sorties de qualité et, même, de bonnes surprises. Alors que je n'aurais pas parié ma chemise dessus, Dragon Age Inquisition s'est révélé passionnant. Far Cry 4 ne réinvente certes pas la roue, mais il revient sur tous les errements de son prédecesseur et se révèle être le meilleur de la série. Enfin, Alien Isolation nous offre une aventure sans équivalent cette année : la licence dispose maintenant d'un jeu qui fait honneur à sa réputation.


Divinity Original Sin :
En tête de mon Top 3 de l'année 2014, je placerais le travail des Belges de Larian Studios sur Divinity Original Sin. Un jeu que tous les soutiens Kickstarter attendaient de pied ferme, et qui n'a pas déçu le moins du monde. Très old school dans le concept, le jeu de rôle vient faire de l'oeil aux fans de Baldur's Gate, tout en restant ancré dans le présent : sa réalisation graphique est d'excellente facture et son interface est au goût du jour.

Mais surtout et plus que tout autre jeu cette année, Divinity Original Sin m'a entraîné au-delà du test. Non seulement, je n'ai pas vu passer les 60 heures de mon premier run, mais j'ai en plus trouvé le moyen de le relancer plusieurs jours, plusieurs semaines après sa sortie afin d'essayer d'autres personnages, de découvrir d'autres cheminements.

Endless Legend :
Unanimement reconnu par la communauté Endless Space, le studio parisien Amplitude persiste et signe avec Endless Legend. Jeu de gestion / stratégie particulièrement ambitieux, il se compare - en apparence au moins - à un Civilization. En apparence, car s'il est toujours question de mener un peuple, de le développer et d'asseoir sa domination sur les autres, Amplitude utilise de multiples ressorts inédits pour faire évoluer le genre, pour le mettre sur de nouveaux rails.

Forcément, les indécrotables de Civilization pourraient y trouver à redire, mais la gestion des ressources, l'utilisation de factions secondaires, la prise en charge de la météo et le découpage par régions sont autant d'éléments qui forceront les stratèges en herbe à repenser leurs taciques, à sortir de leur zone de confort. Bravo Amplitude.

Legend of Grimrock 2 :
Pour le troisième titre de ma sélection, j'ai longuement hésité et des jeux comme This War of Mine ou Dragon Age Inquisition auraient eu leur place. Puisqu'il faut faire un choix et se limiter à une sélection de trois titres, j'ai décidé de retenir Legend of Grimrock 2. Une valeur sure serait-on tenté de dire compte tenu des qualités du premier opus. Seulement voilà, ses développeurs finlandais ne se sont pas contentés de reprendre la recette de leur précédent titre.

Ils ont décidé d'élargir considérablement les horizons des joueurs et l'incroyable travail réalisé sur l'unique - mais immense - carte est digne de toutes les éloges. Les créatures sont plus intelligentes, les énigmes plus retorses encore et si l'aspect technique - déplacements case par case - en rebutera certains, ils passeront simplement à côté d'une aventure passionnante.